Bonjour à tous,
J'ai parcouru le livre
Noir Chirac pour voir ce que je trouvais comme éléments
concernant la France et le nucléaire iranien, et plus généralement le nucléaire au Moyen Orient.
Voici ce que je trouve :
Selon l'auteur, François-Xavier Verschave, la nucléarisation simultanée de l'Iran et de l'Irak
provient d'une idée franco-américaine surgie à l'occasion du choc pétrolier de 1973.
Inquiets de voir surgir au Moyen Orient de grandes puissances pétrolières,
Paris et Washington décident de les ligoter par des accords nucléaires
qui auront en prime le mérite de créer dans la région un équilibre
de la terreur lui-même gage de stabilité.
Dès lors,
Jacques Chirac, premier ministre de 1974 à 1976, signe avec Saddam Hussein
des contrats pharaoniques : l'aéroport de Bagdad, livraisons d'armes,
édification de barrages hydro-électriques, et coopération nucléaire,
précisément construction d'une centrale nucléaire à Osirak
(surnommée "Ochirac" par les Israéliens).
Le 20 novembre 1974, le ministre de l'Industrie français
Michel d'Ornano signe avec Téhéran
un contrat pour la constuction de deux centrales d'enrichissement de l'uranium en Iran
(contrats sous licences américaine). L'Allemagne signe pour la construction de deux autres
(mêmes licences).
Henry Kissinger surveille tout cela de très près et est partie prenante
dans les négociations avec le Chah.
Le 9 septembre 1975, de son côté, Saddam Hussein annonce dans
La semaine arabe :
"
L'accord que nous avon signé avec la France est le premier pas concret
vers la production de la bombe atomique arabe."
Là-dessus, le Chah est renversé par Khomeiny, avec, dit Dominique Lorentz,
cité par François-Xavier Verschave, la bénédiction de Paris et de Washington,
irrités des projets d'hégémonie de Téhéran.
Pour faire bonne mesure, le 7 juin 1981, l'aviation israélienne détruit la centrale d'Osirak,
non sans s'être au préalable mis d'accord avec la France et les Etats-Unis.
Mais en janvier 1982, le ministre français des Affaires étrangères
Claude Cheysson annonce la poursuite de la coopération nucléaire franco-irakienne.
En mars 1983,
Technicatome et le
CEA, entre autres, signent avec Bagdad
un contrat de reconstruction d'Osirak et de livraison du reliquat d'uranium enrichi.
Parallèlement, de 1985 à 1990, 750 entreprises américaines fournissent du matériel
au ministère de la Défense et à la Commission de l'Energie Atomique irakiens.
Entre-temps,
Georges Besse, qui a supervisé la construction
de toutes les centrales nucléaires françaises d'enrichissement de l'uranium,
est assassiné le 17 novembre 1986 devant son domicile. Le soir même du meurtre,
le quai d'Orsay annonce un accord partiel avec l'Iran, qui recevra un premier dédommagement
de 330 millions de dollars.
George Besse.
Un an et demi plus tard, le 6 mai 1988, l'AFP publie le nouvel accord nucléaire
signé entre Paris et Téhéran pour "
l'octroi sans restriction"
à l'Iran de licences d'exportation d'uranium enrichi d'Eurodif vers l'Iran.
Le 8 mars 1991, Michel d'Ornano, signataire de l'
accord Eurodif, disparaît à son tour
de la circulation, écrasé par une voiture (pardon pour le très mauvais jeu mots, involontaire).
Symboliquement, le 27 octobre 1999, le président iranien Khatami, en visite en France,
se rend au Panthéon pour... y déposer des fleurs sur la tombe de Pierre et Marie Curie !
Voilà donc quelques éléments très épars.
J'ignore s'ils sont de nature à susciter une réflexion intéressante, et je n'ai pas le temps
dans l'immédiat de les recouper avec les informations des deux premiers posts.
Fritz.