Bonjour Thermic,
Effectivement, lorsque je disais "révisionniste", je pensais "négationniste".
Mais sous le coup de la stupéfaction, j'ai allègrement sauté le distinguo.
Etonnante, étonnante, ton enquête. Je suis surpris qu'une investigation
concernant les chiffres des camps nazis rencontre autant de faux-fuyants.
L'holocauste n'est tout de même pas un sujet confidentiel, à ma connaissance.
En revanche, il est vrai qu'historiquement, la vision généralement admise
des camps nazis était pervertie à des fins politiques.
En 1945, le distinguo camp de concentration/camp d'extermination n 'existait pas.
Il y a avait une seule catégorie : "les déportés".
Et les rares survivants de l'Holocauste lui-même n'ont pu parler.
Parce qu'ils n'étaient pas en état de parler, et aussi parce que personne ne les écoutait.
A la libération, les noms des camps qui reviennent en boucle
sont Dachau, Ravensbrück, Buchenwald, Mauthausen, etc...
Mais d'Auschwitz/Birkenau, de Chelmno, de Sobibor et de Treblinka, point.
En 1945, le génocide des Juifs n'a pas une visibilité proportionnelle à l'ampleur du fait.
Au vrai, cela arrange certanis : la génération qui prend le pouvoir en France,
partiellement héritée de la Résistance, voit parfois
dans ses galons de déporté un permis d'avoir raison et donc un redoutable piédestal politique .
Que par ailleurs, six millions de Juifs aient été mécaniquement éliminés,
cette question n'est pas au premier plan : ont-ils résisté, eux ?
Sans compter une partie de la population française qui, en son for intérieur,
n'aurait pas été mécontente si Hitler avait pu "finir le boulot"
- certaines réflexions pas toujours très fines entendues par des survivants
à leur retour en France sont révélatrices à ce sujet.
Enfin, s'enorgueillir d'avoir eu le courage de se dresser face à la barbarie,
au point de finir dans un camp, c'est souligner son héroïsme,
qu'il soit indiscutable ou cosmétisé.
En revanche, pas de quoi pavoiser avec un profil de victime.
Et entre fêter les héros et pleurer les victimes, Monsieur Tout-le-monde
préfère... les héros - surtout en un temps où les gens ont tant pleuré
qu'il ne leur reste plus de larmes à verser.
Et l'Union Soviétique qui en a rajouté une couche : le fait que des communistes
de toutes les nations, particulièrement soviétiques, aient atterri dans les camps
leur ouvre toutes grandes les portes du club des combattants de la Juste Cause :
l'Armée Rouge se voit béatifiée, du pain béni pour Moscou.
Inutile, dans ces conditions, de s'attarder sur le fait que les camps aient tué
infiniment plus de Juifs que de Soviétiques.
Au total, toutes les conditions étaient réunies pour une semi-cécité.
Ce n'est qu'avec les décennies que le coeur du génocide juif,
dans son unicité et dans son ampleur, a pris corps
dans la conscience collective.
De nos jours, la différence entre un camp de concentration
et un camp d'extermination s'est clarifiée, grâce aux travaux
de chercheurs, de militants, d'écrivains, de cinéastes.
Le tours de passe-passe autour du génocide sont démasqués.
Par contre, ce qui reste suspect, c'est qu'on cherche encore aujourd'hui à dissimuler
les chiffres concernant les homosexuels, les Tziganes, bref les catégories minoritaires.
Je ne comprends pas bien où se situe la motivation de cette attitude.
Un dernier combat d'arrière-garde de la part de ceux
qui refusent encore d'accorder aux Juifs la simple vérité ?
Fritz.