Bonjour Manfred,
content de vous revoir.
Le titre que vous avez choisi n'est guère encourageant si l'on fait référence à la pièce de Jean Giraudoux.
Mais ne soyons pas aussi pessimiste et essayons d'apporter quelques éléments de réponse à la question :
la guerre contre l'Iran peut-elle avoir lieu ?
Comme vous l'avez fait remarquer, il faut avant tout des protagonistes. Faisons le tour des pays susceptibles d'entrer en guerre contre l'Iran.
Parlons tout d'abord de l'organisme suprême : l'ONU. Il est fortement improbable que l'organisation cautionne cette guerre voulue avant tout par les EUA et Israël. Elle n'a pas donné mandat contre l'Irak et ne risque pas d'en faire d'avantage contre l'Iran, surtout à entendre les dernières déclarations de Ban-Ki-Moon à ce sujet.
Passons sur les pays mineurs susceptibles de n'apporter qu'un appoint à l'armée américaine et voyons ceux qui peuvent participer de façons plus décisives.
La France tout d'abord, puisque notre président ainsi que son ministre des affaires étrangères ont l'air d'avoir une petite idée sur la question. Mais le rapprochement pro-atlantique effectué par notre président peut-il allé jusqu'à s'engager aux côtés de l'armée US ? Très peu probable, sauf à revisiter complètement notre avenir au Proche et Moyen-Orient. Quoiqu'il en soit cette guerre risque d'apparaître aux yeux des français encore plus inique que ne l'est la guerre d'Irak. Donc, ce conflit ne pourrait que fragiliser le pays, aussi bien du point de vue de l'intérieur que de l'extérieur.
Le Royaume-Uni ensuite, ne sera probablement pas non plus du côté de son ancienne colonie. L'armée est en retrait (déroute ?) d'Irak et l'épineuse question afghane affecte sensiblement les relations entre les deux pays. Il semble que nos voisins d'outre-Manche ait un réveil difficile après les années Tony Blair.
Les EUA quant à eux peuvent-ils ouvrir un nouveau front alors que subsistent comme des plaies béantes les conflits afghans et irakiens ? La raison voudrait que non. L'armée bien que soulagée en partie par l'OTAN en Afghanistan, reste enlisée et déprimée en Irak. Le gouffre financier semble énorme, le peuple américain en proie aux doutes, l'économie sur la sellette et la cohésion des gouvernants plus qu'un souvenir. Et c'est là que le bât blesse. L'impression laissée par l'administration Bush est celle d'un maëlstrom où chacun semble en droit de prendre une décision sans en informer son voisin. A ce sujet l'affaire du B-52 qui le 30.08 traversa les EUA avec à son bord des charges nucléaires semble tout droit sortie de l'esprit du Dr Folamour. Nous pouvons aussi envisager la fuite en avant qui d'échec en échec réclame à tout prix une victoire.
Pour Israël il s'agit de la décapitation pure et simple de tout ennemi susceptible de lui nuire. Après l'invasion de l'Irak, qui aidait activement la résistance palestinienne, puis la mise à bas de l'infrastructure libanaise qui économiquement lui faisait de l'ombre, il reste ce grand état chiite, support de la Syrie et du Hezbollah. Il est clair qu'Israël est prêt à en découdre, car sa suprématie militaire ne sera plus quand l'Iran deviendra un état nucléaire. Pour Tel-Aviv, il s'agit d'assurer son avenir.
Nous avons bel et bien des états prêts à déclencher un nouveau conflit. Cette guerre est possible.
La voie guerrière est-elle la seule envisageable ?
Si l'on se place du point de vue iranien, à l'heure d'aujourd'hui, il n'existe pas d'autre voie que celle de l'arme atomique. Depuis novembre 2001, l'Iran constate un renforcement des bases US à sa périphérie. Celles-ci se trouvent désormais en : Afghanistan, Pakistan, Irak, Koweït, Barhein, Qatar, Arabie Saoudite, E.A.U., Oman et Turquie. Tous pays limitrophes. Nous pouvons aussi ajouter Ouzbékistan, Kirghistan et Tadjikistan pays proches. D'autre part, il peut paraître injuste de voir des pays instables comme le Pakistan posséder la bombe atomique alors que l'Iran en est dépourvue. Et pire, voir un pays ennemi comme Israël en être doté alors qu'il refuse les inspecteurs de l'AIEA et n'a pas signé le traité de non prolifération. Cette légitimité ne peut qu'être renforcée si l'on constate que les deux derniers pays à avoir subi les foudres des EUA en étaient dépourvus. Donc, du côté iranien la situation semble bloquée.
Voyons du côté des EUA. A court terme, rien ne les force à attaquer l'Iran. Même si celui-ci dispose de l'arme nucléaire, il ne sera pas à même avant longtemps de menacer directement Washington. D'autre part, la politique iranienne, jusqu'à présent n'est pas une politique de conquête et il n'est pas dans leur intérêt d'ouvrir un conflit puisqu'au fur et à mesure de la raréfaction de l'énergie leur puissance ne fera que s'accroitre. Donc, la menace nucléaire iranienne n'en est pas vraiment une, et la voie guerrière loin d'être incontournable.
Pour Israël, là non plus, ce conflit n'apparaît pas comme une voie obligatoire. Quand bien même, l'Iran se doterait de l'arme atomique, un conflit nucléaire entre les deux parties ne feraient que des perdants. D'autant que le soutien militaire actif des EUA ne peut laisser croire que l'Iran serait gagnant de cette façon.
Ainsi, nous savons que la guerre est possible mais n'est pas une issue inéluctable.
Quelles sont les alternatives ?
Nous avons vu que du côté iranien il n'y en a guère. Téhéran veut la bombe atomique car elle sera la garantie de son indépendance.
Pour les EUA et Israël, la guerre a moins pour but de se protéger d'une éventuelle attaque que de s'assurer de l'hégémonie régionale et de mettre la main sur les ressources énergétiques de l'Iran. Bien évidemment ce calcul est à revoir dès lors que l'Iran devient une puissance atomique.
Si ces pays persistent dans leur voie de conquête il leur faudra trouver d'autres solutions. Comme notre camarade manfred nous l'indique il pourraît s'agir d'un assassinat. Pourquoi pas ? Mais pour mettre qui ? Qui pourrait avoir la faveur de Washington et des mollahs ? Est-ce seulement compatible ?
Ou alors, se lancer dans une entreprise de déstabilisation de l'état chiite. Mais n'est-ce pas déjà en cours ? En 2005, Téhéran accuse Washington et Londres de provoquer des troubles sur son sol en dressant les communautés arabe (sud-ouest) et kurde (nord-ouest) contre la majorité chiite. D'où certainement, l'augmentation des condamnations à mort ces dernières années en Iran. La communauté balouch (sud-est) pourrait, elle aussi, faire le jeu de Washington. Pour autant, à l'heure d'aujourd'hui, cette politique d'agitation n'a, semble-t-il, pas donner de résultats susceptibles de nuire gravement au régime iranien.
Ils restent les sanctions économiques et la politique de containment. Mais, la réponse iranienne risque d'être cinglante si celle-ci consiste à réduire le flux pétrolier. D'autre part, les alliances conclut par l'Iran aussi bien dans la région, que dans le sud-asiatique ou l'amérique latine risquent de fortement diminués l'impact d'un embargo économique. Enfin, ces sanctions seront-elles suffisantes pour empêcher l'acquisition de l'arme nucléaire ? Rien n'est moins sûr.
De fait, mis à part une action armée rien ne semble pouvoir stopper la marche en avant de l'état iranien vers l'arme nucléaire. Ce qui aurait pour conséquence de voir le remodelage du moyen-orient, voulu par les EUA et Israël, renvoyé aux calendes grecques, et leur hégémonie régional battue en brêche. Cette perspective n'est guère enthousiasmante pour eux, mais les états qui jusqu'ici régnaient sur le monde vont devoir apprendre à partager le pouvoir.